L’énorme impact d’un changement alimentaire significatif … mais pas extrême

Une femme et un homme opèrent un changement significatif dans leurs habitudes alimentaires, ce qui aura un grand impact sur leur bien être général en cuisine.

Une étude récente offre un nouvel éclairage : adopter un mode de vie éco-responsable n’implique pas forcément un choix extrême entre tout changer ou ne rien changer. Face à l’urgence écologique, l’idée de devoir opérer des changements radicaux immédiatement — comme renoncer à l’avion, embrasser du jour au lendemain un mode de vie zéro déchet, ou arrêter de consommer de la viande — peut paraître intimidante.

Petits pas vers un grand impact

La bonne nouvelle, c’est que les petits pas comptent également. Il n’est pas nécessaire de viser la perfection pour contribuer à la protection de l’environnement. Un équilibre peut déjà faire une grande différence.

Selon les découvertes publiées dans Nature Communications1, une action apparemment simple comme le fait de remplacer la moitié de notre consommation de produits animaux (porc, poulet, bœuf et produits laitiers) par des alternatives végétales pourrait avoir un effet profond :

  • Réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture de 31 %
  • Préservation des forêts
  • Amélioration de l’alimentation de millions de personnes

Ce changement, loin d’être anodin, nous montre qu’il est possible de contribuer à un avenir plus durable et plus sain par des actions accessibles et mesurées.

Quel serait le bilan d’un changement alimentaire mondial ?

Les travaux de recherche menés par des équipes de l’Université du Vermont (UVM), de l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués (IIASA), de l’Alliance de Bioversity International et du CIAT ont permis d’explorer les répercussions d’une transition globale vers une alimentation riche en produits végétaux.

Grâce à l’utilisation d’un modèle économique mondial sur l’utilisation des terres, ces chercheurs ont évalué les effets d’un tel changement sur l’ensemble du système alimentaire.

Des impacts significatifs sur l’environnement

L’étude souligne que remplacer le bœuf constitue la mesure la plus impactante; cependant, la substitution de plusieurs produits animaux par des alternatives végétales agit de manière synergique, amplifiant les bénéfices environnementaux. Les auteurs de l’étude mettent en lumière un avantage majeur : le potentiel de reboisement des terres libérées par l’élevage. Ce processus ne se contente pas de doubler les avantages climatiques mais permet également de freiner de moitié le déclin de l’intégrité des écosystèmes d’ici à 2050.

Un jeune garçon se livrant à des épis de maïs près d’un lac serein.
Un jeune garçon se livrant à des épis de maïs près d’un lac serein.

Au-delà des « lundis sans viande »

Eva Wollenberg, co-auteur de l’étude et chercheuse à l’UVM, insiste sur l’importance de dépasser les initiatives ponctuelles comme les « lundis sans viande » pour engager des changements plus profonds et durables. Selon elle, les alternatives végétales à la viande offrent une opportunité cruciale pour atteindre les objectifs globaux en matière de sécurité alimentaire, de lutte contre le changement climatique, de santé publique et de préservation de la biodiversité.

Ces travaux de recherche mettent en évidence le rôle clé que peut jouer l’alimentation dans la résolution des défis environnementaux actuels, offrant une feuille de route vers un avenir plus durable et équitable.

Le bénéfice à l’échelle du monde d’une réduction de la consommation de viande et de lait

Les résultats d’une étude récente mettent en évidence les avantages considérables d’une réduction de 50 % de la consommation de viande et de produits laitiers sur l’environnement. D’ici à 2050, les impacts positifs de cette transition alimentaire, par rapport aux données de 2020, seraient multiples :

  • Baisse de la consommation d’eau : une diminution de 10 %, inversant la tendance prévue à la hausse.
  • Amélioration de la sécurité alimentaire : la prévalence de la sous-alimentation reculerait à 3,6 %, réduisant le nombre de personnes affectées de 31 millions par rapport à un scénario de référence.
  • Réduction de la superficie agricole mondiale : une diminution de 12 %, contrastant avec la tendance actuelle à l’augmentation.
  • Préservation des zones forestières et des terres naturelles : la déforestation et la conversion des terres seraient quasiment stoppées.
  • Diminution significative des apports d’azote : réduction de près de 50 % des niveaux projetés pour les terres cultivées.
  • Réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) : une baisse de 2,1 Gt CO2eq par an en 2050, soit une réduction moyenne de 31 % (1,6 Gt CO2eq par an en moyenne entre 2020 et 2050), sans même prendre en compte la séquestration du carbone sur les terres non cultivées.

Marta Kozicka, chercheuse principale à l’IIASA et auteure de l’étude, souligne l’importance de ces découvertes : « Comprendre l’impact des changements alimentaires nous ouvre de nouvelles voies pour réduire les émissions de GES. Ce changement de régime alimentaire pourrait aussi entraîner des améliorations notables pour la biodiversité. »

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont conçu des scénarios alimentaires basés sur des alternatives végétales au bœuf, au porc, au poulet et au lait. Ces alternatives étaient nutritionnellement comparables aux options animales et adaptées aux capacités actuelles de production alimentaire, utilisant des ingrédients disponibles à l’échelle mondiale.

Maximiser les bénéfices environnementaux par la restauration des terres

Les chercheurs soulignent un aspect crucial : pour tirer pleinement parti des avantages environnementaux liés au changement de régime alimentaire, il est essentiel de restaurer les terres agricoles non utilisées par un reboisement axé sur la biodiversité. Dans le cadre du scénario proposé, où 50 % de la consommation de produits d’origine animale est remplacée par des alternatives végétales, les bénéfices en termes de réduction des émissions dues à l’utilisation des terres pourraient être doublés par rapport à un scénario sans reboisement. Ce plan ambitieux permettrait également de réduire de plus de la moitié la détérioration anticipée de l’intégrité des écosystèmes.

L’impact disproportionné de l’alimentation animale

Les produits d’origine animale, bien qu’ils ne contribuent qu’à moins de 20 % de l’apport énergétique alimentaire mondial, sont à l’origine de la majorité des impacts négatifs sur l’utilisation des terres, la consommation d’eau, la biodiversité, et les émissions de gaz à effet de serre dans les systèmes alimentaires mondiaux. Cette disproportion souligne l’urgence et l’importance de réévaluer nos choix alimentaires au niveau global.

Une voie vers l’avenir ?

L’étude conclut sur une note d’espoir et d’action : encourager l’adoption de régimes alimentaires riches en alternatives végétales et faibles en graisses animales est primordial pour lutter contre le changement climatique, atteindre les objectifs de santé et de sécurité alimentaire à l’échelle mondiale, et maintenir l’utilisation des ressources naturelles dans les limites supportables par notre planète.

Cette perspective offre non seulement une voie vers un avenir plus sain pour l’humanité, mais aussi une stratégie concrète pour préserver la biodiversité et garantir la durabilité environnementale pour les générations futures.

  1. https://doi.org/10.1038/s41467-023-40899-2 ↩︎
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