La décroissance : une alternative durable face à la société de consommation ?

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Depuis plusieurs années, on entend parler de plus en plus de décroissance comme possible solution aux problèmes écologiques et sociaux engendrés par notre mode de vie actuel. Dans ce contexte, il est légitime de se demander si la décroissance peut réellement être considérée comme une réponse durable face au modèle de société de consommation qui prédomine aujourd’hui.

Qu’est-ce que la décroissance ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, définissons brièvement ce qu’est la décroissance. Il s’agit d’un courant de pensée opposé à l’idéologie dominante du « toujours plus » véhiculé par la croissance économique sans limite. La décroissance prône plutôt un retour vers un modèle de développement plus respectueux de l’environnement et des ressources naturelles, ainsi qu’une meilleure répartition des richesses au sein de la population.

Pourquoi encourager la décroissance ?

Les partisans de la décroissance défendent plusieurs arguments pour justifier leur position :

  • Réduire les inégalités : en changeant nos habitudes de consommation et en revoyant le système capitaliste actuel, ils estiment qu’il serait possible de mieux distribuer les richesses et ainsi réduire les inégalités entre les différents groupes sociaux.
  • Préserver l’environnement : la décroissance propose de réduire notre empreinte écologique et de consommer mieux et moins, en choisissant des produits durables et respectueux de l’environnement.
  • Améliorer le bien-être général : encourager un mode de vie plus simple et proche de la nature permettrait d’améliorer notre qualité de vie en se concentrant sur l’essentiel plutôt que sur la course au profit et à la compétition.

Les différentes formes de décroissance

La décroissance n’est pas une idée monolithique, mais plutôt un ensemble de courants de pensée qui proposent chacun leur vision du monde « post-croissance ». On peut notamment distinguer :

  • La décroissance « sereine », qui prône une meilleure qualité de vie et la satisfaction des besoins fondamentaux pour tous sans renoncer nécessairement aux technologies modernes.
  • La décroissance « survivaliste », basée sur l’autosuffisance et le retour à un mode de vie beaucoup plusl fallaient aussi prenaitre dans leur quotidien ancestral et proche de la nature.
  • Ladécroissance institutionnelle, qui envisage un changement progressif des institutions, des lois et des politiques publiques dans le but de mettre en place un système économique plus solidaire et respectueux de l’environnement.

Des exemples concrets de décroissance

Il existe déjà de nombreuses initiatives et expériences qui mettent en avant la possibilité de vivre en décroissance. Voici quelques exemples :

  1. Les villes en transition : il s’agit de mouvements citoyens locaux qui cherchent à rendre leurs villes plus durables, résilientes, moins dépendantes des énergies fossiles, luttant contre les îlots de chaleurs par exemple.
  2. Les monnaies locales complémentaires : ces monnaies permettent d’échanger des biens et services au sein d’une communauté restreinte, favorisant ainsi les dynamiques solidaires et le développement local.
  3. L’agriculture régénérative : cette pratique encourage une agriculture respectueuse des sols, de la biodiversité et du bien-être animal, tout en favorisant l’autosuffisance alimentaire des communautés.
  4. La sobriété heureuse : ce concept incite à vivre de manière frugale, sans pour autant sacrifier son bien-être. Il peut aussi bien consister dans un choix de vie personnel (en habitant dans une maison passive ou en diminuant sa consommation d’énergie au quotidien), que dans des politiques publiques promouvant le « mieux-vivre » plutôt que le simple PIB comme indicateur de réussite d’une société.

Nous n’avons pas le choix !

Dans son livre « Energie et Civilisation », Vaclav Smil a écrit :

« Les techno-optimistes voient un avenir d’énergie illimitée, que ce soit grâce à des cellules photovoltaïques ultra-efficaces ou à la fusion nucléaire, et à l’humanité colonisant d’autres planètes convenablement terraformées à l’image de la Terre. Pour l’avenir prévisible, je considère ces visions expansives comme de purs contes de fées. »

Vaclav Smil

Il a poursuivi dans un autre livre, « Small Growth », en réaffirmant que la technologie ne nous sauvera pas :

« Il est impossible de concilier la préservation d’une biosphère bien fonctionnelle avec le mantra économique standard qui est comparable à la proposition d’une machine de perpetum mobile, car il ne conçoit aucun problème de durabilité par rapport aux ressources ou à une pression excessive sur l’environnement. »

Vaclav Smil

La décroissance : utopie ou réalité ?

Certaines critiques estiment que la décroissance n’est qu’une utopie irréaliste et déconnectée de la réalité économique, car elle remet en cause notre modèle basé sur la compétitivité et la croissance incessante. D’autres considèrent au contraire que la décroissance est une réalité concrète, déjà expérimentée par de nombreuses initiatives locales et citoyennes à travers le monde.

Néanmoins, il est important d’aborder les limites potentielles du modèle de la décroissance. Parmi elles :

  • La difficulté de lutter contre la mondialisation et ses effets sur l’environnement, la culture et les modes de vie traditionnels.
  • Le risque accru de déresponsabilisation collective si chacun se replie sur lui-même et cherche uniquement à assurer son propre bien-être.
  • L’absence d’égalité sociale comme facteur rédhibitoire pour garantir que tous profitent des mêmes avantages lors de la mise en œuvre de solutions de décroissance.
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