Dans un contexte de changements climatiques et d’urbanisation croissante, les îlots de chaleur urbains constituent une problématique majeure pour les villes à travers le monde. Cette situation résulte notamment de l’augmentation des températures en milieu urbain, entraînant un inconfort thermique pour les habitants et mettant en danger la santé humaine et l’écosystème.
Pour y remédier, diverses solutions peuvent être envisagées dans les domaines de l’aménagement urbain, de l’eau et du revêtement des sols afin de favoriser l’évaporation naturelle et réduire ces effets néfastes.
Qu’est-ce qu’un îlot de chaleur urbain ?
Dans nos grandes villes modernes, il n’est pas rare de ressentir une différence de température par rapport aux zones rurales environnantes. Cette augmentation de la température en milieu urbain est ce qu’on appelle un « îlot de chaleur ». Certes, ce terme proche de « île » peut prêter à confusion, mais il est simplement utilisé pour illustrer l’isolement de ces zones de chaleur dans les villes par rapport à leur environnement rural plus frais.
Les grandes villes sont toutes concernées par ce phénomène, mais certaines le ressentent plus fortement que d’autres. Les villes densément peuplées et celles situées dans des climats humides sont particulièrement touchées.
Pourquoi les îlots de chaleur se forment-ils ?
Vous vous demandez peut-être comment ces îlots de chaleur se forment. Eh bien, c’est assez simple. Les arbres et autres végétaux agissent comme des climatiseurs naturels, offrant de l’ombre et évaporant l’eau de leur sol et de leurs feuilles. Lorsque ces paysages naturels sont remplacés par de l’asphalte, du béton et de la pierre pour construire des routes, des bâtiments et d’autres structures, les îlots de chaleur se forment.
Ces matériaux fabriqués par l’homme absorbent, stockent et réémettent la chaleur du soleil plus que ne le ferait le paysage naturel. En conséquence, les températures de surface et globales augmentent. De plus, l’agitation de la vie urbaine (circulation, usines, foules denses) génère également de la chaleur résiduelle, ce qui aggrave encore l’effet d’îlot de chaleur.
Quels sont les impacts de l’effet d’îlot de chaleur urbain ?
L’effet d’îlot de chaleur n’est pas seulement une curiosité scientifique, il a des conséquences réelles et potentiellement dangereuses. Les habitants des villes sont de plus en plus vulnérables aux impacts négatifs de la chaleur urbaine à mesure que le climat de la Terre se réchauffe.
Risque accru de maladies liées à la chaleur
L’îlot de chaleur urbain augmente le risque de maladies liées à la chaleur, comme la déshydratation, le coup de chaleur et même la mort. En effet, la chaleur est la principale cause de décès liés à la météo aux États-Unis sur les 10 et 30 dernières années.
Augmentation de la consommation d’énergie
Dans les villes souffrant de l’effet d’îlot de chaleur, la demande d’énergie est également plus élevée. En effet, les habitants dépendent davantage de la climatisation et des ventilateurs pour se rafraîchir pendant les mois d’été. Cela signifie bien sûr des factures d’électricité plus élevées.
Pollution de l’air
Les centrales électriques à combustibles fossiles, qui tentent de suivre la demande accrue d’électricité en été, libèrent plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. De plus, la chaleur urbaine contribue directement à la pollution de l’air en se mélangeant avec les gaz d’échappement des véhicules pour former de l’ozone au niveau du sol.
Comment lutter contre les ilots de chaleur ?
Aménager des espaces verts en ville pour contrer les îlots de chaleur
Une solution répandue et particulièrement efficace en matière de lutte contre les îlots de chaleur consiste à multiplier les espaces verts au cœur des centres urbains. Ces ilots de verdure contribuent à la régulation thermique, permettant une meilleure évaporation et limitant ainsi le rayonnement solaire absorbé par les surfaces bétonnées ou asphaltées.
Promouvoir les jardins sur les toits
- Adapter les terrasses et les toits plats pour accueillir des jardins ou des cultures, offrant ainsi des espaces végétalisés qui vont absorber une partie de la chaleur et favoriser son évacuation par évapotranspiration.
- Installer des murs végétaux sur les façades, permettant de multiplier les surfaces couvertes par la végétation et de réguler ainsi les températures à l’intérieur du bâtiment tout en réduisant les effets néfastes des îlots de chaleur.
Créer des parcs et des squares ombragés
La création de parcs et de squares publics, agrémentés d’arbres et de végétation dense, peut également permettre d’améliorer le confort thermique et de réduire significativement les températures ressenties dans les zones urbaines. Enfin, ces espaces verts sont aussi un axe important pour préserver la biodiversité et améliorer la qualité de vie des habitants.
Valoriser l’eau comme élément central dans cette lutte
L’utilisation de l’eau en milieu urbain est une autre piste intéressante pour atténuer les îlots de chaleur et améliorer le confort thermique des villes. Plusieurs solutions peuvent être envisagées, allant de la mise en place de fontaines ou de bassins jusqu’à la promotion de la gestion des eaux de pluie au niveau individualisé ou collectif.
Intégrer des points d’eau dans l’aménagement urbain
La présence d’éléments aquatiques tels que des fontaines, des jets d’eau ou des bassins joue un rôle non négligeable dans la régulation des températures en ville. Le rôle rafraîchissant de l’eau et son pouvoir évaporatoire permettent d’abaisser sensiblement la chaleur ambiante, procurant ainsi un réel bénéfice pour les habitants.
Inciter à la récupération d’eau de pluie
L’installation de dispositifs de récupération des eaux de pluie permet d’améliorer le bilan hydrique des espaces urbains, réduisant ainsi le besoin d’arroser les végétaux importés, limitant par là même les effets des îlots de chaleur. De plus, la récupération et le stockage des eaux pluviales favorisent une meilleure infiltration des sols, participant activement au processus naturel d’évaporation de l’eau, et donc au refroidissement du milieu ambiant.
Repenser les revêtements des sols et des routes pour limiter leur impact sur les îlots de chaleur
Enfin, il convient de s’intéresser aux revêtements des sols qui jouent un rôle prépondérant dans la formation des îlots de chaleur urbains. Les matériaux utilisés pour recouvrir les surfaces (routes, trottoirs, parkings) possèdent des propriétés thermiques spécifiques qui peuvent accentuer ou atténuer les phénomènes d’absorption et de réémittance de la chaleur.
Promouvoir des revêtements réfléchissants
Dans cette optique, il est intéressant de privilégier l’utilisation de revêtements réfléchissants ou hautement perméables. Ces matériaux permettent de minimiser l’absorption de la chaleur solaire et d’en faciliter la réémission. Ils contribuent ainsi à une baisse des températures ressenties en milieu urbain et limitent la formation des îlots de chaleur.
Mettre en œuvre des surfaces perméables
Le recours à des surfaces perméables, telles que les pavés drainants, permet également d’améliorer la gestion des eaux de ruissellement et favorise une meilleure infiltration des sols, participant ainsi à leur refroidissement par évaporation. De plus, ces revêtements présentent l’avantage d’être plus respectueux de l’environnement et de favoriser une meilleure intégration paysagère.
En somme, la lutte contre les îlots de chaleur urbains passe nécessairement par une approche globale et multisectorielle, mettant en avant des solutions concertées à la fois au niveau de l’aménagement urbain, de la gestion de l’eau et des choix en matière de revêtements des sols. Pour un avenir plus durable et une meilleure qualité de vie dans nos villes, il est essentiel de prendre en compte tous ces éléments.