Le sylvopastoralisme, qui résulte de la fusion des mots latins « silva » (forêt) et « pastura » (pâturage), est une forme d’agroforesterie décrit comme l’intégration délibérée d’arbres et de pâturages sur les mêmes terres.
Cette méthode d’agriculture régénératrice profite à la fois à la terre et aux animaux, sans oublier à l’agriculteur, qui peut utiliser les arbres pour compléter les revenus du bétail et vice-versa. Le sylvopastoralisme a été saluée pour son potentiel de capture du carbone, qui pourrait contribuer à réduire les effets du changement climatique, mais elle n’est certainement pas une solution parfaite.
Qu’est ce que le sylvopastoralisme ?
Cette pratique n’est pas nouvelle. Depuis des siècles, certaines communautés rurales ont intégré les forêts dans leur mode de vie, utilisant les arbres pour leurs matières ligneuses et les pâturages sous-jacents pour nourrir les animaux. Cependant, ce n’est que récemment que le sylvopastoralisme a été reconnu comme une stratégie viable pour une agriculture durable.
Des zones de sylvopastoralisme peuvent être établies soit en introduisant des arbres dans un pâturage, soit en introduisant du bétail dans une forêt existante. Dans les 2 cas, des sylvopâtures saines et réussies ont en commun les 4 principes suivants :
1. Des arbres adaptés au type de sol et au climat
Si l’on plante des arbres dans un pâturage existant, ceux-ci doivent être adaptés à l’environnement. Les espèces indigènes sont les meilleures car elles se développent sans gros efforts, profitant alors à la faune indigène telle que les pollinisateurs ou les oiseaux.
Ces arbres doivent également être diversifiés, afin de contribuer à une écologie complexe qui apporte non seulement une diversité dans l’alimentation des animaux, mais aussi un habitat pour la faune et une certaine résistance aux parasites et aux maladies qui, autrement, prospéreraient dans un environnement de monoculture.
2. Le bétail doit être adapté aux arbres
Le sylvopastoralisme convient à un large éventail d’animaux d’élevage, des plus classiques (bovins, ovins, caprins, poulets et chevaux) aux plus rares (bisons et émeus). Dans tous les cas, le bétail doit être adapté à l’environnement, en tenant compte du fourrage, du climat et, surtout, du niveau de maturité des arbres.
Les vaches, par exemple, sont lourdes et ont tendance à piétiner les racines des jeunes arbres vulnérables. Leur appétit insatiable et leur corpulence seraient la recette parfaite pour un désastre annoncé dans des vergers où elles auraient accès aux fruits les plus bas.
Les moutons, les chèvres et les cochons ne sont peut-être pas aussi grands, mais ils sont avides d’écorce. Mettez ces animaux dans un pâturage avec des jeunes arbres et ils feront des ravages.
Vous l’aurez compris, les agriculteurs doivent faire des recherches lorsqu’ils associent des arbres à des animaux et s’assurer que l’environnement forestier est prêt pour le pâturage afin d’éviter de faire plus de mal que de bien.
3. Une attention partagée entre la forêt et le bétail
Le sylvopastoralisme n’est pas un système unilatéral qui favorise la production agricole pour les agriculteurs. Il s’agit plutôt d’une pratique qui associe l’élevage à la gestion des forêts.
Dans un système sylvopastoral, les rendements peuvent souffrir pour que la forêt ou le bétail prospèrent. Le travail impliqué ici peut comprendre, la gestion des mauvaises herbes, l’élagage, la récolte du foin et l’éclaircissement de la forêt afin que la lumière puisse traverser la canopée et pénétrer dans le fourrage.
C’est beaucoup plus de travail que d’élever du bétail dans des pâturages ouverts et il faut souvent plus de temps pour en récolter les fruits économiques.
4. Les animaux paissent en rotation
Bien que non essentielle à un système sylvopastoral, l’approche du pâturage en rotation est la meilleure combinaison pour la santé et la croissance des plantes.
A l’inverse, un pâturage continu, qui consiste à faire paître le bétail dans un pâturage pendant une période prolongée, peut entraîner la dégradation du sol et le surpâturage des espèces les plus nutritives. Le pâturage tournant consiste à déplacer les animaux pour permettre au fourrage de se reposer, de se reconstituer et de se développer. Cette méthode est mutuellement bénéfique, car les animaux bénéficient d’une alimentation plus diversifiée et sont moins exposés aux parasites.
Quelle est la différence entre le sylvopastoralisme et le pâturage forestier ?
Le pâturage en forêt est une pratique de gestion dans laquelle le bétail est autorisé à accéder à un environnement forestier, mais le sylvopastoralisme va encore plus loin. Dans une approche de sylvopâture, les agriculteurs font des efforts supplémentaires pour protéger et préserver la forêt au profit de l’environnement dans son ensemble.
Les avantages du sylvopastoralisme
Des bienfaits écologiques impressionnants
L’approche de le sylvopastoralisme est souvent mise en avant en raison de son potentiel d’atténuation du changement climatique et de compensation des contraintes environnementales de l’agriculture animale1.
Combiner arbres et élevage sur le même terrain permet une utilisation plus efficiente des ressources disponibles. Les arbres protègent le sol de l’érosion et améliorent sa fertilité grâce à la décomposition des feuilles mortes. Pendant ce temps, les animaux produisent du fumier qui sert d’engrais naturel. De cette manière, chaque élément contribue à l’amélioration de la productivité globale.
Voici quelques-uns de ses avantages :
- Capture du carbone : une étude a montré que les pâturages plantés d’arbres séquestraient entre 27 % et 70 % de CO2 en plus que les pâturages non plantés 2.
- Qualité du sol : dans une autre étude, le sol des sylvopastures contenait plus d’azote et de carbone que le sol des zones boisées, ce qui a permis aux arbres de pousser jusqu’à 5 % plus haut, 35 % plus grand en diamètre et 78 % plus grand en surface basale3.
- Qualité de l’eau : les arbres réduisent et ralentissent le ruissellement et piègent les polluants tels que les pesticides, les engrais et, ce qui est particulièrement important dans un environnement agricole, les déchets du bétail.
- Avantages en termes de refroidissement : le couvert végétal contribue à réduire le stress thermique, en abaissant la température de 2,4°C par 10 tonnes de carbone par hectare, selon une étude 4. Il s’agit d’un avantage de plus en plus important pour le sylvopastoralisme, car les températures continuent d’augmenter dans le contexte de la crise climatique.
- L’habitat de la faune et de la flore : l’écosystème diversifié qu’offre un système sylvopastoral permet de nourrir et d’héberger une grande variété d’animaux sauvages, des pollinisateurs essentiels aux mammifères.
- Prévention des incendies : le bétail au pâturage peut provoquer des incendies de forêt, mais la gestion du pâturage peut les prévenir. Le bétail broute et réduit le sous-étage, qui peut servir de « combustible végétal pour les incendies », selon un ouvrage de référence sur le sylvopastoralisme5.
Les avantages pour le bétail
Le bétail peut également récolter les fruits du sylvopastoralisme :
- Diversité alimentaire : avec une approche de pâturage en rotation, le bétail a un accès continu à des types d’aliments nutritifs et diversifiés.
- Réduction du risque d’infection : les maladies et les parasites se développent dans un environnement de monoculture. Le déplacement régulier du bétail permet d’enrayer le développement et la propagation des épidémies.
- Réduction du stress thermique : le même effet de refroidissement qui profite à la terre contribue également à réduire le stress thermique chez les animaux, ce qui améliore leurs performances et leur bien-être général.
Les avantages pour les agriculteurs
Outre les avantages pour leurs terres et leur bétail, les agriculteurs peuvent tirer des bénéfices suivants de l’adoption d’un système sylvopastoral :
- Diversification des revenus : la principale raison pour laquelle les agriculteurs adoptent un système sylvopastoral est peut-être l’avantage économique que représente l’ajout d’arbres (ou de bétail, au contraire) en tant que source de revenus.
- Amélioration de l’esthétique : les pâturages plantés d’arbres sont tout simplement plus beaux que ceux qui n’en ont pas (ce qui, en prime, peut augmenter la valeur de la propriété).
Exemples de réussite du sylvopastoralisme
Des exemples concrets montrent le succès de cette pratique dans diverses régions du monde.
Amérique latine
Au Brésil, notamment dans l’état du Minas Gerais, des fermes adoptent de plus en plus le sylvopastoralisme. Elles combinent l’élevage du bétail avec la plantation d’espèces forestières natives telles que le pinus et l’eucalyptus. Ces exploitations réussissent à augmenter leur rendement agricole tout en réduisant l’impact environnemental.
Europe
En Espagne, dans les régions de l’Estrémadure et de la Castille, le sylvopastoralisme a permis de revitaliser des terres marginales. Les bergers utilisent des forêts de chênes où les porcs ibériques se nourrissent de glands, produisant ainsi le célèbre jambon ibérique. Cette coexistence harmonieuse améliore la biodiversité locale et fournit des produits artisanaux de haute qualité.
Un modèle pérenne ?
Le sylvopastoralisme n’est pas une recette magique. Il présente également des inconvénients, tant pour les agriculteurs que pour l’environnement.
- Temps et énergie : les arbres mettent du temps à s’établir dans les pâturages existants et les agriculteurs doivent empêcher le bétail de paître sur les terres pendant qu’un écosystème forestier sain se développe. Pendant les deux ou trois premières années, les jeunes arbres doivent être désherbés de manière intensive et la concurrence doit être contrôlée. Ce n’est que lorsque les arbres sont matures, au bout de trois ans ou plus, que les nouvelles terres boisées sont prêtes à accueillir les animaux de pâturage.
- Investissement financier : l’établissement d’un système de sylvopâture dans un pâturage existant coûte 200€ à 300€ par hectare 6. Cela comprend le coût de la préparation du site, des semis, de la main-d’œuvre et des clôtures, sans compter l’entretien continu.
- Réduction de la capacité de rétention du carbone : la transformation d’une forêt existante en sylvopasture réduit sa capacité de rétention du carbone, car le bétail compromettra inévitablement les arbres du moins certains, au début et les arbres sont souvent récoltés comme revenu supplémentaire pour l’exploitation agricole.
Questions sur le sylvopastoralisme
L’agroforesterie est un terme général décrivant tout type d’agriculture qui intègre des arbres aux cultures. Dans le cas de le sylvopastoralisme, une forme d’agroforesterie, le bétail est la culture.
Le mot « sylvopâture » est une contraction des mots latins « silva », qui signifie « forêt », et « pastura », qui signifie « pâturage ».
Le sylvopastoralisme est considérée comme une méthode d’élevage durable, car les animaux qui paissent profitent à l’environnement forestier et vice-versa. Il existe d’autres facteurs qui rendent le sylvopastoralisme encore plus durable, comme le pâturage tournant.
Le saule, le peuplier et l’aulne sont des familles d’arbres qui poussent rapidement et atteignent une hauteur adaptée au pâturage du bétail. Les agriculteurs doivent toujours intégrer des espèces indigènes qui correspondent au type de sol et au climat.
Sources de l’article
- Silvopasture ». Département de l’agriculture des États-Unis, Climate Hubs https://www.climatehubs.usda.gov/hubs/southeast/topic/silvopasture ↩︎
- https://www.jstor.org/stable/24107170 ↩︎
- https://doi.org/10.1007/s10457-021-00709-4 ↩︎
- https://doi.org/10.1038/s41467-022-28388-4 ↩︎
- https://www.cabi.org/vetmedresource/ebook/20063019912 ↩︎
- https://www.fs.usda.gov/nac/assets/documents/morepublications/silvopasturehandbook.pdf ↩︎