Apparue aux États-Unis en 2019, l’humusation gagne du terrain dans le domaine funéraire écologique. Ce procédé consiste à transformer les dépouilles en compost grâce à un mélange de matières organiques et végétales. En France, le débat autour de cette pratique innovante a été lancé par Elodie Jacquier-Laforge, Vice-Présidente du MoDem à l’Assemblée nationale.
Le développement rapide de l’humusation aux États-Unis
Tout d’abord légalisé dans l’État de Washington en 20191, l’humusation se développe progressivement dans d’autres régions des États-Unis. Ainsi, le Colorado, l’Oregon, le Vermont, la Californie et récemment l’État de New York ont adopté cette technique également appelée réduction naturelle organique, terramation ou humusation2.
Les avantages écologiques et fonctionnels de cette technique
- Impact environnemental : contrairement à la crémation (qui émet plus de 220 kg de CO2) et à l’inhumation (qui implique l’utilisation de formaldéhyde), l’humusation offre une alternative nettement moins polluante.
- Cycle naturel : le corps décomposé rejoint ainsi le cycle naturel de la vie, nourrissant par exemple un arbre qui pourra lui-même absorber du CO2 et contribuer à la régénération des forêts.
- Utilisation pratique : à l’issue du processus de décomposition, les proches du défunt peuvent récupérer environ un mètre cube de compost pouvant servir d’engrais naturel
L’humusation en France : une opportunité écologique à saisir
En France, l’humusation suscite un intérêt croissant auprès des citoyens, des collectivités et même des opérateurs funéraires. Selon une enquête publiée en septembre 2022, 73% des Français se disent favorables à une mort écologique et 46% seraient prêts à envisager l’humusation3. La Vice-Présidente du MoDem, Elodie Jacquier-Laforge, a donc déposé, le 31 janvier dernier, un projet de loi au sujet de cette pratique écoresponsable.
Le projet de loi français : prendre modèle sur l’expérience belge
Pour élaborer son projet de loi, Elodie Jacquier-Laforge s’est inspirée de l’expérience de la Belgique concernant l’humusation pour les animaux4. Elle souhaite mettre en place une expérimentation encadrée, permettant à la fois le développement d’un procédé technique et la construction d’un cadre juridique garantissant respect et dignité pour les restes humains.
Les perspectives d’avenir pour l’humusation en France
Dans le cadre de son projet de loi, Elodie Jacquier-Laforge espère persuader ses collègues parlementaires de soutenir cette technique innovante et respectueuse de l’environnement. Ainsi, elle prévoit d’organiser un colloque à l’Assemblée nationale autour du 1er novembre 2023 pour faire le point avec des philosophes, sociologues, scientifiques, élus, associations, ministère de tutelle et acteurs de la filière funéraire5.
L’humusation, une solution d’avenir pour la mort écoresponsable ?
Au vu de cet engouement autant aux États-Unis qu’en France, l’humusation pourrait bien s’imposer comme une nouvelle pratique écologique dans le domaine funéraire. Si les défis juridiques et techniques sont relevés, ce procédé permettrait non seulement de réduire l’impact environnemental lié aux décès, mais aussi d’offrir une alternative plus respectueuse du cycle naturel de la vie. L’engagement politique sera cependant nécessaire pour accompagner cette évolution significative dans notre rapport à la mort et à l’environnement.